Passer au contenu

/ Laboratoire d'innovation

Je donne

Rechercher

Retour sur la Première montréalaise de «Pauvre ou Richelieu ?»

Jeudi 1er juin à 19 h s’est déroulée la Première montréalaise du documentaire "Pauvre ou Richelieu ?". La projection s’est suivie d’une discussion entre l’auditoire, le réalisateur Maxime Dubé-Lahaie, Pascale Biron, professeure à l’université Concordia et Sébastien Sauvé, professeur à l’Université de Montréal, tous les deux experts ayant intervenus dans le reportage.

Animée par Marie-Andrée Fallu, coordinatrice générale et agente de liaison du GRIL, la discussion a permis d’aborder différents enjeux soulevés dans le documentaire ainsi que les solutions et perspectives d’avenir.

Les thématiques abordées ont été : 

  • La raison d’être du documentaire qui réside dans la nécessité de porter aux yeux de toutes et tous les enjeux qui pèsent sur les joyaux de la rivière Richelieu. Écosystème avec une biodiversité terrestre et aquatique unique au monde (seul lieu de reproduction de l’espèce de poisson chevalier cuivré), la rivière fait aussi l’objet de nombreuses menaces liées à une anthropisation des cours d’eau, aux pratiques agricoles et à l’accélération des changements climatiques. Le réalisateur a aussi pu partager les défis et les aventures de ce premier tournage qu’il a réalisé sur son temps libre sur deux années. Un engagement pas toujours évident mais nécessaire à ces yeux.
  • Les questions des bandes riveraines et des drains en milieu agricole, des enjeux complexes à résoudre dans un milieu ou historiquement, les cours d’eau ont été linéarisés. Par exemple, la création de bandes riveraines de trois mètres est encore sous utilisée et aussi insuffisante. Dans un contexte politique complexe, et malgré une réglementation existante, il existe peu d’aide pour une mise en place systématique de cette pratique qui permettrait notamment de créer une barrière naturelle pour la protection des cours d’eau. Pour Pascale Biron, il y a encore beaucoup de travail à faire pour valoriser ces aménagements qui sont gagnants pour les agriculteurs et agricultrices et pour la qualité des cours d’eau. Les drains quant à eux sont couramment utilisés pour allonger la période de croissance des plantes en permettant d’évacuer l’eau plus rapidement au début de la saison. Cependant ils participent à déverser directement de la matière en suspension et des contaminants du sol dans les rivières. Ils représentent un réseau souterrain invisible et souvent oublié dans la proposition de solutions, entrainant des difficultés pour la communauté agricole (exemple : la mise en place de bandes riveraines peut affecter les drains avec les racines des arbres et donc représente une menace). La linéarisation des cours d’eau ajoute un fardeau supplémentaire dans le changement de pratiques. Des projets en cours à petites échelles apportent des nouvelles avenues (voir projet un méandre à la fois – page 14) mais qui reposent encore sur la volonté d’individus isolés de changer les choses.
  • La capacité du gouvernement à surveiller les pesticides dans les cours d’eau. Sébastien Sauvé a rappelé que les plus connus font l’objet d’une surveillance par le Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs depuis plusieurs années (voir les rapports disponibles en ligne). Cependant, les variants de ces pesticides qui peuvent se transformer dans l’eau, sont moins bien suivis et connus. Il a aussi été soulevé la question de la responsabilité du suivi de ces substances : est-ce aux agriculteurs, aux gouvernements ou à la recherche de porter ce fardeau ? Encore beaucoup d’études faites par les producteurs de pesticides restent privées, cela devrait changer.
  • Les solutions en cours à plus grands échelles notamment dans les milieux urbains pour réduire le déversement de contaminants par lessivage des sols. Le principe de la ville-éponge vise à favoriser le verdissement, une meilleure perméabilité des sols et la filtration naturelle des eaux pluviales en milieu urbain (exemple de Victoriaville) et les solutions basées sur la nature (exemple : infrastructures vertes) pour réduire les enjeux à la source sont aussi des propositions pour s’adapter aux changements climatiques.
  • La formation des jeunes générations comme une clé pour un changement plus global. Le besoin que la communauté étudiante dans les CEGEPs et dans les universités soit formée à ces enjeux et soutienne le changement des pratiques en milieu agricole. Pour cela, il a été soulevé que des formations interdisciplinaires sont nécessaires afin d’être en mesure de comprendre les enjeux techniques, naturels mais aussi historiques et sociaux.

Pascale Biron a rappelé que le changement de paradigme prend du temps et demande de la confiance entre les parties prenantes impliquées. Il est nécessaire que la communauté de recherche travaille en collaboration avec les agriculteurs et agricultrices qui sont souvent pointés du doigt à tort, alors que leur travail est indispensable à notre société. Enfin, les panélistes ont mentionné l’importance de la conscientisation de toutes et tous, notamment grâce à ce type de documentaire qui est une belle façon de faciliter le partage de connaissances et de créer des ponts entre recherche et société.

En fin de soirée, Louis Lahaie, président d’Action Eau Richelieu, a mentionné plusieurs actions à venir, notamment pour la protection de l’esturgeon jaune et du saumon atlantique.

Cette activité s’est déroulée dans le cadre du mois de l'eau et a été organisée conjointement entre le GRIL (Groupe de recherche interuniversitaire en limnologie) et le Laboratoire d'innovation Construire l'avenir durablement.